Questions / Réponses
ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), ça en est où ?
17 octobre 2014 - Festival du Grand Bivouac
Ce vendredi au Festival du Grand Bivouac 2014 s'est tenue une conférence ATR. Sur l'estrade, Pierre Bigorgne, directeur de la rédaction de Grands Reportages, mène la danse et rythme le débat entre Laurent Besson, directeur de Vision du Monde, Vincent Fonvielle, PDG de La Balaguère, Franck Michel, anthropologue, Christophe Lerservoisier, directeur de Cheval d'Aventure et fondateur d'Atalante et enfin Geneviève Clastres, journaliste.
Cette année, le collectif ATR souffle ses 10 bougies. L'occasion de faire un état des lieux en 5 questions express qui se sont posées autour de cette certification engagée puisque nous étions sur place pour témoigner de ce qui s'est dit !
1 - Quelles sont les évolutions en prévision au sein d'ATR ?
Le label souhaite s'ouvrir à d'autres métiers que les voyagistes et impliquer dans ses démarches des universités, des médias... et faire en sorte que le référentiel ATR s'adapte à chacun. ATR compte notamment intégrer à sa charte différents niveaux d'excellence qui distingueront les voyagistes les plus solidaires et engagés des autres. Une bonne idée si des petites structures comme celles de l'ATES venaient à rejoindre ATR en même temps que des géants du tourisme comme Kuoni et Asia sans que les plus petits servent de faire-valoir aux autres…
2 - Durable rime-t-il avec rentable ?
En d''autres termes, la masse peut-elle s'accommoder avec le tourisme responsable ? Vincent Fonvielle a eu cette réponse claire et synthétique : "Le nombre ne fait pas la qualité du tourisme, c'est plutôt la façon dont on le fait !"
Voilà des propos rassurants à l'heure où tout le monde voyage, comme un prétexte pour mieux répondre à un mal-être croissant en Europe qui pousse à aller voir l'ailleurs, comme le souligne Franck Michel.
3 - Les voyagistes ATR sont-ils hors-la-loi concernant l'accompagnement en montagne ?
Un guide de montagne membre du réseau COPRELS, regroupement de professionnels de l'accompagnement en montagne, s'est glissé dans la salle et interpelle les intervenants lors du feu-roulant de questions : "Les voyagistes ATR sont hors-la-loi en ne faisant plus accompagner leurs groupes à l'étranger par un accompagnateur français et un autre local mais en se limitant au seul guide local !" Les réponses fusent : "Aujourd'hui, les guides locaux sont extrêmement bien formés et les clients préfèrent être accompagnés par des locaux !" ; "Pensez-vous vraiment que des voyagistes comme Allibert, La Balaguère et autres pourraient se permettre d'être hors-la-loi sur un tel sujet qui a été épluché sous toutes les coutures juridiquement ?" ; "Il s'agit justement d'une des missions d'un tour opérateur engagé que de former ses équipes locales à l'excellence" ; "Il faut faire avec cette évolution : des pays qui nécessitaient des guides français il y quelques années se forment aujourd'hui au guidage et excellent dans ce domaine" ; "Si le métier est devenu obsolète, malheureusement, il faut se reconvertir…" ; "Les TO seraient heureux de vendre un voyage plus cher en ajoutant un accompagnant français, ça augmenterait leur marge mais ça ne correspond plus à la demande client et à la réalité économique !" Les arguments pleuvent à n'en plus pouvoir…
4 - Peut-on faire du tourisme responsable dans un pays non démocratique ?
"Si la question de la sécurité ne se pose pas et si l'argent du voyage ne profite pas au régime totalitaire alors oui, il faut y aller pour voir et ne pas se contenter des clichés véhiculés sur le pays dans les médias !" clame Gérard Guerrier, directeur Allibert Trekking dans un grand cri du coeur. "Il faut voyager en conscience et les yeux ouverts !"
5 - Quelles seront les questions phares traitées par le tourisme durable dans les années à venir ?
- Transformer le « consommateur de voyages » en voyageur responsable
- Trouver à réduire les émissions de gaz à effet de serre
- S'y retrouver dans l'offre proposée et ne pas avoir l'impression qu'on nous baratine ou que l'on a affaire à du greenwashing !
La conclusion revient à Pierre Bigorgne : "Si on veut continuer à voyager, un tourisme responsable est indispensable."