Le spécialiste du voyage responsable
Dossier Art Zoom sur les carnettistes de voyage du No Mad Festival 2019

Marielle Durand, la carnettiste toute bleue !

Elle est graphiste, enseignante mais avant toute chose, artiste ! De Sarajevo à New York en passant par la Martinique, la Réunion, le Vietnam ou le désert algérien, la jeune femme, ambidextre après une blessure à la main droite, croque tout et tout le monde de son trait fin !

"Ce que j'aime dans le carnet de voyage, c'est le rapport avec les gens, l'immédiateté, l'instantanéité." 

La couleur favorite de Dame Marielle ? Le bleu ! Comme son carnet bleu de Berlin, ou encore celui bleu d'Auvergne ! Il y avait le bleu Majorelle… voilà le bleu Marielle !

Quelle est votre particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui vous démarque des autres ? 

 « J'ai démarré les carnets avec mes études de dessin à Penninghen, il y a 22 ans. Il s'agissait alors surtout de carnet d'exercice. Je n'ai cessé d'en faire depuis. Mais je n'ai commencé à les montrer qu'à partir de 2016. Et aujourd'hui, certaines pages sont de vraies œuvres au sens où je n'en reste pas qu'au stade de l'esquisse. Le temps et la précision que je peux accorder à un sujet ne dépend d'ailleurs pas de la taille du carnet. Elle sera la même dans un tout petit format comme sur un très grand. Je cherche à capter un moment, une lumière, ce qui m'amène à m'engager très fort physiquement et à dessiner beaucoup debout. Un dessin n'est jamais repris une fois partie de mon poste d'observation. Je change aussi de carnet et de technique au gré des voyages et des expérimentations graphiques. Cela n'est pas très reposant mais je me force à aller chercher ce que je ne connais pas, à remettre régulièrement en question ma zone de confort. »

Le dessin en voyage, pour vous c'est… 

« Une RESPIRATION, un compagnon de route, une MÉMOIRE pour les années à venir, une planche de salut même parfois : je m'y suis accrochée comme à un radeau lors d'un terrible voyage en train de 14 heures au Vietnam ! »

La destination qui vous inspire tout particulièrement et pourquoi ?  

« Mon ENVIRONNEMENT QUOTIDIEN direct. Le JAPON. La quantité de signes et d'images dans des espaces réduits, la confrontation d'un raffinement passé et d'une modernité kitsch. BERLIN, la ville démolie et reconstruite sans réelle unité mais avec une dynamique très inspirante pour tous. L'ISLANDE, (à l'inverse du Japon) pour ses étendues vides et ses contrastes colorés. »

Quelques mots sur votre façon de voyager… 

« Je voyage le plus volontiers à l'INTUITION Si c'est possible, la préparation n'est là que quand elle est absolument nécessaire (horaires de transports par ex.). J'essaie de me prévoir des plages de « vide » pour laisser les hasards se prolonger. Plus mon sac est léger, mieux je me porte, malgré le matériel qui est souvent difficile à réduire. »

De quoi vous remplissent vos voyages en tant qu'être-humain ?

« D'une CONNAISSANCE DES AUTRES AUTANT QUE DE MOI-MÊME. De la beauté de la nature et du rappel de la FRAGILITÉ DES CHOSES. De rencontres qui marquent, jalonnent et m'accompagnent tout la vie. »

Pour vous, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décririez-vous et quel en est son intérêt à vos yeux ? 

« Un voyage où l'on pense à l'impact qu'il a sur les autres et la planète. En minimisant les moyens de transport trop gourmands en énergie et en maximisant l'économie locale. Où l'ON DONNE COMME ON REÇOIT, où les échanges se font avec respect et dans un temps qui n'est pas celui d'un "consommateur". Je ne « fais » pas un pays, je tente seulement d'en appréhender quelques facettes. Dans l'idéal, celui qui voyage doit autant apporter à l'autre dont il vient fouler le lieu. »

Champs libre… 

« Dans mon travail comme dans ma vie personnelle, je cherche à comprendre le monde à travers le dessin. DÉNICHER LA LUMIÈRE ET LA BEAUTÉ là où l'on voudrait ne voir parfois que des choses banales, laides ou pas assez dans l'air du temps. »
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