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Dossier Géographie Présentation de la Mongolie par zone géographique

La vallée du Selenge

Le Selenge et son affluent l’Orkhon coulent tous deux selon un axe sud-ouest/nord-est, prenant leur source dans les monts Khangai, pour se faufiler entre ce dernier massif et les monts Saian afin d’atteindre leur but ultime : le lac Baïkal. Le trajet du Selenge couvre plus de 1.300 km, 900 en Mongolie et 400 en Russie.

La zone dans son ensemble figure un plan incliné, du Khangai au Baïkal. Les sources de ces deux rivières dans le Khangai se situent à 1.600/1.800 m, et le Selenge, après avoir absorbé tous ses affluents, franchit la frontière à 600 m d’altitude.

Le Selenge naît sous le nom d’Ider, dans le Khangai donc, près du col de Zagastain davaa. Au confluent avec son premier affluent, la rivière Chuluut, moins longue mais aussi abondante, l’Ider est déjà large de 40 m et serpente en méandres sur un fond de graviers dans une vallée de 2 à 3 km de large. C’est ici que le fleuve Ider prend le nom de Selenge. Bordé de peupliers et de cytises, de prairies et de quelques champs cultivés, il pourrait déjà être navigable.

Peu avant la frontière il reçoit l’Orkhon, qui est presque aussi important que lui. Long de 840 km, l’Orkhon, ou plutôt la partie supérieure de sa vallée, s’enorgueillit d’avoir été le berceau de grands empires turcs et ouigours, et d’avoir abrité Karakoroum (Kharkhorin), la capitale des premiers descendants de Gengis Khan. La Tuul qui arrose Oulan-Bator vient ensuite le grossir. Cette dernière prend sa source dans la chaîne du Khentii près de la source de l’Onon.

Le Selenge recueille aussi du nord deux affluent importants : le Delgermörön, qui coule des neiges éternelles de l’Oulan-Taïga, et l’Eg, qui sort du Khövsgöl (« le lac de la loutre »), rattachant ainsi le lac au système de vallées Selenge/Orkhon.

Ces vallées du complexe hydrographique du Selenge sont le véritable cœur historique du pays. On y trouve aussi bien la capitale historique (Karakoroum) que la capitale actuelle (Oulan-Bator). C’est une région de forêts et de pâturages. De robustes mélèzes résistants au froid occupent les pentes mêlés à des cèdres, des pins et des bouleaux ; ils forment de vastes étendues boisées. En altitude, c’est nu et pierreux, avec un peu d’herbe, des bouleaux nains et des genévriers. Plus bas, le long des rivières, le peuplier alterne avec le saule, à moins qu’il ne s’agisse de pins de Transbaïkalie.

Au bas des pentes et dans le fond des vallées, se déroulent des prés savoureux qu’animent chevaux, bœufs, brebis et yaks par centaines de milliers. Les palissades de bois d’un sanctuaire (süm), peintes en rouge et vert, sont surplombées par des tuiles rouges et les dorures des toits. Des campements de dix à quinze yourtes de feutre complètent le paysage. Quelques petits bouts de désert font parfois leur apparition, par exemple entre le coude de la Tuul et de l’Orkhon.

C’est la contrée dont, tour à tour, les Huns, les Turcs, les Mongols, sont sortis pour conquérir le monde. Ainsi, avant d’être des peuples de steppes, d’oasis et de déserts, ces peuples étaient des peuples de la forêt et des prairies, mais déjà nomades. Aujourd’hui encore ils sont nomades : les cultures des sédentaires sont peu nombreuses malgré les efforts de l’ex-régime communiste (quelques champs de blé, d’orge et de millet).

Le lac Khövsgöl s’allonge sur 130 km du nord au sud et de 40 d’est en ouest. Il couvre une superficie de 3.300 km2 (soit six fois celle du lac Léman), sur une plate-forme perchée à 1.645 m d’altitude, adossée aux monts Saian. Le lac dépasse 100 m de profondeur sur les deux tiers de sa surface avec un maximum de 270 m. Cela lui vaut d’être la plus importante réserve d’eau douce de la Mongolie. Il est gelé de janvier à avril/mai, et la couche de glace dépasse souvent 1 m d’épaisseur, permettant à d’éventuels camions de le traverser en hiver. Éventuels seulement, car depuis vingt-cinq ans, une telle traversée est interdite pour des raisons écologiques.

Son eau est si pure que l’on aperçoit aisément des poissons (neuf variétés), lesquels sont ici consommés par les riverains (c’est l’exception, les Mongols ne mangent pas de poisson). Ils sont parfois pêchés à la fourche. Une fois coupés en deux dans le sens de la longueur, ils sont mis à sécher sur des pics de bois.

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